Croire Ă la souverainetĂ© numĂ©rique totale, câest comme croire quâon peut faire du vin sans raisin. Câest beau sur le papier, impossible en pratique. La souverainetĂ©, dans sa dĂ©finition la plus pure, câest la capacitĂ© dâun Ătat Ă dĂ©cider seul, sans influence extĂ©rieure. Câest une affaire de libertĂ©, dâindĂ©pendance, de contrĂŽle total. Et sur le papier, câest noble. Ăa fait rĂȘver. Mais dans le monde numĂ©rique dâaujourdâhui ? Câest une illusion. Prenez nâimporte quel cloud provider français. â Ils tournent sur des processeurs amĂ©ricains (Intel, AMD). â Ils communiquent via des routeurs amĂ©ricains (Cisco, Juniper). â Ils stockent sur des disques corĂ©ens. â Et tout ça est souvent fondu Ă Taiwan, via TSMC. MĂȘme les AmĂ©ricains ne sont pas totalement souverains. Car derriĂšre leurs usines, il y a : â ASML : une entreprise nĂ©erlandaise qui fournit les machines de lithographie indispensables Ă la fabrication des puces. Lâindustrie informatique est devenue un millefeuille mondial. VerticalisĂ©e. FragmentĂ©e. DĂ©pendante. Et pourtant, il faut avancer vers un maximum de souverainetĂ©. Car lâenjeu, ce sont nos donnĂ©es. Depuis 2008, une justice parallĂšle existe aux Ătats-Unis : la FISA. Cette cour autorise le gouvernement amĂ©ricain Ă surveiller les communications Ă©lectroniques de nâimporte quel Ă©tranger via les entreprises sous juridiction US. â Sans justification. â Sans recours. â Sans que vous soyez au courant. Et ces entreprises⊠ce sont celles quâon utilise tous les jours : Google, Apple, Microsoft, Amazon. Les GAFAM. Voici pourquoi on doit avancer. Pas pour ĂȘtre souverain Ă 100%. Mais pour ĂȘtre vulnĂ©rable un peu moins. â En diversifiant nos infrastructures. â En choisissant mieux nos partenaires technologiques. â En construisant lĂ oĂč câest encore possible de le faire. Ce nâest pas du protectionnisme. Câest du bon sens. La souverainetĂ© numĂ©rique ne sera jamais parfaite. Mais chaque pourcentage quâon regagne, câest une libertĂ© quâon protĂšge.